L’une des décisions les plus importantes que vous prenez dans la vie est de décider à qui faire confiance. Faire confiance à la mauvaise personne peut entraîner des relations abusives, un viol par une connaissance, être exploité, des pertes financières et bien d’autres résultats indésirables.

Ce serait bien si les sociopathes qui se cachent parmi nous avaient réellement l’air suspect, et si les psychopathes portaient des étiquettes disant « Ayez peur – ayez très peur. » Malheureusement, ce n’est pas le cas.

En fait, la recherche montre que les personnes ayant une personnalité narcissique – qui ont tendance à manipuler les autres pour leurs propres fins égoïstes – se présentent en fait comme particulièrement charmantes et attrayantes à la première impression. Elles sont également plus susceptibles d’avoir un emploi ou des biens de haut niveau. Alors comment éviter l’escroc ou le séducteur en série ? Comprendre le câblage automatique de votre cerveau pourrait en être la clé.

Comment notre cerveau juge le caractère à partir de l’apparence faciale

En 2003, le chercheur de Princeton Alexander Todorov a montré des paires de photos à environ un millier de personnes, puis leur a demandé d’évaluer qui était le plus compétent. Les participants ne savaient pas qu’ils regardaient de véritables candidats à la Chambre et au Sénat pour les élections précédentes et à venir. Dans plusieurs études, les réponses des participants à la question de savoir si une personne avait l’air compétente permettaient de prédire les résultats réels des élections dans environ 70 % des cas (lire l’étude ici). Même lorsque les gens ne regardaient qu’une seconde, les prédictions étaient plus précises que par hasard !

Une étude ultérieure a montré que nous portons des jugements rapides sur la compétence en fonction des traits du visage dénotant la fiabilité et la dominance. Ces jugements initiaux colorent nos perceptions de l’individu à partir de là. Les chercheurs ont constaté que les visages « les plus dignes de confiance » avaient les sourcils et les lèvres tournés vers le haut, tandis que les visages « les moins dignes de confiance » avaient les sourcils dirigés vers le bas et les lèvres retroussées sur les bords.

Le jugement à la seconde près

Dans une étude plus récente, publiée dans le Journal of Neuroscience en août 2014, des chercheurs de Dartmouth et de l’Université de New York ont montré que notre cerveau ne prend que trois centièmes de seconde, soit beaucoup moins de temps qu’un clignement d’œil, pour décider de la fiabilité. En fait, nos jugements sur la fiabilité sont si rapides que nous sommes capables de les faire avant même de savoir qui est la personne !

Les chercheurs ont montré aux gens des photos de visages réels et de visages générés par ordinateur délibérément conçus pour avoir l’air dignes de confiance ou non. Les résultats ont montré que nous jugeons les personnes ayant des sourcils hauts et des pommettes saillantes comme étant dignes de confiance, tandis que nous nous méfions des personnes aux sourcils froncés et aux joues creuses. Rien ne prouve que ces caractéristiques rendent réellement les gens plus ou moins dignes de confiance dans la vie réelle.

Cette réponse rapide et automatique a probablement bien servi nos ancêtres lorsqu’ils devaient décider en un clin d’œil si un étranger qui s’approchait était un allié potentiel ou un membre de la tribu en maraude venu les tuer. Bien que cette réponse rapide puisse nous être utile dans certaines situations, comme marcher seul dans une ruelle sombre la nuit, elle peut en fait rendre nos réactions quotidiennes aux gens biaisées et inexactes.

Rappellez-vous, il n’y a aucune preuve que ces caractéristiques faciales « indignes de confiance » prédisent le comportement réel. Ces stéréotypes faciaux négatifs sont probablement renforcés lorsque nous allons au cinéma et que nous voyons des méchants aux joues creuses et aux sourcils froncés, comme l’ennemi juré de batman, le Joker, si effroyablement interprété par Jack Nicholson. Et que dire de la célèbre faiseuse de sourcils d’Hollywood, Anastasia, qui a fait un empire en taillant les sourcils des célébrités pour qu’elles aient des arcades hautes et précises ?

Le rôle de l’amygdale

Dans une deuxième partie de leur expérience, les chercheurs de Dartmouth et de NYU ont utilisé un scanner cérébral IRMf pour découvrir quelle partie du cerveau s’allume lorsque nous prenons la décision de faire confiance à quelqu’un. Avec un nouveau groupe de participants, ils ont fait clignoter les visages sur un écran pendant 30 millisecondes, suivis d’une image non pertinente, dans une procédure connue sous le nom de « masquage à rebours ». Le cerveau était ainsi incapable de traiter consciemment les traits du visage. Les résultats montrent que notre cerveau traite les visages et porte des jugements sur leur fiabilité, même sans en avoir conscience. Cette activité se produit dans l’amygdale, une partie du système limbique qui sert de centre d’alarme au cerveau. Elle juge si ce que nous voyons (ou entendons, sentons, goûtons ou touchons) constitue une menace immédiate. Si elle détecte une menace, l’amygdale déclenche une réponse de « combat ou fuite » qui libère une cascade de produits chimiques pour préparer notre esprit et notre corps à s’échapper ou à livrer bataille.

Il semble donc que nous puissions avoir des problèmes si nous suivons nos « intuitions » sur les personnes à qui faire confiance. Notre cerveau et nos tripes ne font que réagir automatiquement sur la base de caractéristiques superficielles qui ne prédisent pas le caractère ou le comportement réel. C’est peut-être pour cela que tant de jeunes femmes innocentes sont allées aider le tueur en série Ted Bundy à mettre des livres dans sa voiture, sans savoir à qui elles avaient réellement affaire. Peut-être que les pommettes creuses étaient un véritable signal de danger pour nos ancêtres qui vivaient en période de famine. Les personnes affamées qui avaient des pommettes plus creuses étaient peut-être plus désespérées pour trouver de la nourriture et donc plus susceptibles de vous faire du mal pour l’obtenir. Mais dans l’Amérique moderne, les pommettes creuses ne prédisent rien. Alors comment mieux se protéger des types indignes de confiance ?

Comment vous pouvez faire de meilleurs choix sur qui faire confiance

1. Prenez du recul et prenez le temps de réfléchir. Ne prenez pas de décisions importantes de manière impulsive, qu’il s’agisse d’un achat important, d’un investissement, d’un changement d’emploi, de l’inscription à une salle de sport ou de la décision de quitter une soirée avec un inconnu. Mieux vaut rentrer chez soi et réfléchir aux coûts et aux avantages, ou consulter un ami dont vous faites confiance au jugement, avant d’agir.
2. Méfiez-vous de la vente forcée. De nombreux détaillants (et beaucoup de coachs en ligne) savent que votre cerveau prend des décisions moins précises sous l’impulsion. Si nous prenons des décisions sur le vif, nous sommes plus susceptibles d’être attirés par une offre spéciale ou une promesse qui semble trop belle pour être vraie. Méfiez-vous donc de toute offre qui expire dans les prochaines heures, ou des ventes « d’un jour seulement ». Les vendeurs créent l’apparence de la rareté pour vous inciter à prendre des décisions rapides. Cela signifie que votre amygdale décide, plutôt que votre cortex préfrontal, qui est conçu pour peser les choix en fonction de facteurs rationnels et de l’expérience passée.
3. Méfiez-vous des personnes qui vont trop vite dans les relations. Si vous venez de rencontrer une personne et qu’elle veut devenir votre meilleur ami ou l’amour de votre vie, soyez prudent : Au minimum, cette personne est probablement impulsive et ne réfléchit pas avant d’agir. Il se peut qu’elle projette sur vous un fantasme ou qu’elle préfère l' »intensité » à la véritable intimité en matière de relations. Il se peut qu’elle aime les drames et qu’elle passe rapidement à autre chose lorsqu’elle se lasse. Au pire, elle peut délibérément créer une apparence d’intimité pour vous séduire ou vous attirer. Le plus sage est de demander à la personne de se retirer un peu pour que vous puissiez prendre le temps de la connaître. Décidez à l’avance de vos propres limites et respectez-les.
4. Demandez-vous ce que cette personne est vraiment. Certaines personnes sont vraiment douées pour projeter un esprit confiant, sexy et amusant ou pour vous faire sentir vraiment attirant et important. Mais si vous prenez un peu de recul, vous pouvez vous demander : Connaissez-vous vraiment bien cette personne ? Et dans quelle mesure vous intéresse-t-elle vraiment ? Ses yeux se promènent-ils dans la pièce, à la recherche de sa prochaine conquête ou pour voir qui l’admire ? Comment traite-t-elle les gens comme la serveuse ou le chauffeur de taxi ? Si vous écoutez attentivement ce qu’ils disent, quelles sont les valeurs sous-jacentes ? Sont-ils critiques et méprisants envers les autres ? Se souviennent-ils de ce que vous leur dites ? Sont-ils prévenants et attentionnés ? Ont-ils des amis proches, ou sont-ils proches de leur famille ? Se poser ces questions peut vous aider à dépasser les aspects superficiels de la personne, pour considérer les qualités qui sont plus importantes à long terme.
5. Utilisez votre esprit avisé. La psychologue Marsha Linehan a inventé le concept d' »esprit sage » pour décrire un état d’esprit qui intègre la pensée logique et la conscience émotionnelle. C’est un état de pleine conscience dans lequel vous prenez des décisions en intégrant différentes façons de savoir et ne coupez pas des parties de votre expérience. Si vous ressentez une connexion instantanée avec quelqu’un, tenez-en compte, mais n’en faites pas la base entière de votre décision. Dans notre esprit de sagesse, nous n’ignorons pas les émotions, mais nous ne nous laissons pas non plus emporter par elles au point de ne voir que ce que nous voulons voir, au lieu de ce qui est réellement présent. En termes de cerveau, l’esprit sage signifie intégrer les réactions intuitives de notre amygdale avec la sagesse de l’expérience passée et la connaissance du monde.

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