Champs électromagnétiques et santé publique

Exposition aux champs de fréquences extrêmement basses

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Juin 2007

L’utilisation de l’électricité fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne. Chaque fois que l’électricité circule, des champs électriques et magnétiques existent à proximité des lignes qui transportent l’électricité, et à proximité des appareils. Depuis la fin des années 1970, on se demande si l’exposition à ces champs électriques et magnétiques (CEM) de fréquence extrêmement basse (ELF) a des conséquences néfastes sur la santé. Depuis lors, de nombreuses recherches ont été menées, qui ont permis de résoudre des questions importantes et de mieux cibler les recherches futures.

En 1996, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a créé le Projet international sur les champs électromagnétiques afin d’étudier les risques potentiels pour la santé associés aux technologies émettant des CEM. Un groupe de travail de l’OMS a récemment conclu un examen des implications sanitaires des champs ELF (OMS, 2007).

Cette fiche est basée sur les conclusions de ce groupe de travail et met à jour les examens récents sur les effets sanitaires des CEM ELF publiés en 2002 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), établi sous les auspices de l’OMS, et par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) en 2003.

Sources de champs électromagnétiques et expositions résidentielles

Les champs électriques et magnétiques existent partout où le courant électrique circule – dans les lignes et câbles électriques, les câblages résidentiels et les appareils électriques. Les champs électriques proviennent de charges électriques, sont mesurés en volts par mètre (V/m) et sont protégés par des matériaux courants, tels que le bois et le métal. Les champs magnétiques résultent du mouvement des charges électriques (c’est-à-dire d’un courant) et sont exprimés en tesla (T), ou plus couramment en millitesla (mT) ou en microtesla (µT). Dans certains pays, une autre unité appelée gauss, (G), est couramment utilisée (10 000 G = 1 T). Ces champs ne sont pas protégés par les matériaux les plus courants et les traversent facilement. Les deux types de champs sont les plus forts près de la source et diminuent avec la distance.

La plupart des énergies électriques fonctionnent à une fréquence de 50 ou 60 cycles par seconde, ou hertz (Hz). A proximité de certains appareils, les valeurs du champ magnétique peuvent être de l’ordre de quelques centaines de microtesla. Sous les lignes électriques, les champs magnétiques peuvent atteindre environ 20 µT et les champs électriques plusieurs milliers de volts par mètre. Toutefois, les champs magnétiques moyens dans les habitations sont beaucoup plus faibles – environ 0,07 µT en Europe et 0,11 µT en Amérique du Nord. Les valeurs moyennes du champ électrique dans les habitations vont jusqu’à plusieurs dizaines de volts par mètre.

Évaluation du groupe spécial

En octobre 2005, l’OMS a réuni un groupe spécial d’experts scientifiques pour évaluer tout risque pour la santé qui pourrait exister du fait de l’exposition aux champs électriques et magnétiques ELF dans la gamme de fréquences >0 à 100 000 Hz (100 kHz). Alors que le CIRC a examiné les preuves concernant le cancer en 2002, ce groupe de travail a examiné les preuves concernant un certain nombre d’effets sur la santé et a mis à jour les preuves concernant le cancer. Les conclusions et les recommandations du Groupe spécial sont présentées dans une monographie de l’OMS sur les critères d’hygiène de l’environnement (EHC) (OMS, 2007).

Suivant un processus standard d’évaluation des risques pour la santé, le Groupe spécial a conclu qu’il n’y a pas de problèmes de santé substantiels liés aux champs électriques ELF aux niveaux généralement rencontrés par les membres du public. Ainsi, le reste de cette fiche d’information traite principalement des effets de l’exposition aux champs magnétiques ELF.

Effets à court terme

Il existe des effets biologiques établis d’une exposition aiguë à des niveaux élevés (bien supérieurs à 100 µT) qui s’expliquent par des mécanismes biophysiques reconnus. Les champs magnétiques ELF externes induisent des champs et des courants électriques dans le corps qui, à des intensités de champ très élevées, provoquent une stimulation nerveuse et musculaire et des modifications de l’excitabilité des cellules nerveuses dans le système nerveux central.

Effets potentiels à long terme

La plupart des recherches scientifiques examinant les risques à long terme de l’exposition aux champs magnétiques ELF se sont concentrées sur la leucémie infantile. En 2002, le CIRC a publié une monographie classant les champs magnétiques ELF comme « peut-être cancérogènes pour l’homme ». Cette classification est utilisée pour désigner un agent pour lequel il existe des preuves limitées de cancérogénicité chez l’homme et des preuves insuffisantes de cancérogénicité chez les animaux de laboratoire (autres exemples : café et fumées de soudage). Cette classification était fondée sur des analyses groupées d’études épidémiologiques démontrant un schéma cohérent d’une multiplication par deux de la leucémie infantile associée à une exposition moyenne à un champ magnétique de fréquence industrielle résidentielle supérieure à 0,3 à 0,4 µT. Le groupe de travail a conclu que les études supplémentaires réalisées depuis lors ne modifient pas le statut de cette classification.

Cependant, les preuves épidémiologiques sont affaiblies par des problèmes méthodologiques, tels qu’un biais de sélection potentiel. En outre, il n’y a pas de mécanismes biophysiques acceptés qui suggéreraient que les expositions de faible niveau sont impliquées dans le développement du cancer. Ainsi, si l’exposition à ces champs de faible intensité avait des effets, il faudrait que ce soit par un mécanisme biologique encore inconnu. En outre, les études sur les animaux ont été largement négatives. Ainsi, dans l’ensemble, les preuves liées à la leucémie infantile ne sont pas assez fortes pour être considérées comme causales.

La leucémie infantile est une maladie comparativement rare, le nombre total annuel de nouveaux cas étant estimé à 49 000 dans le monde en 2000. Les expositions moyennes aux champs magnétiques supérieures à 0,3 μT dans les habitations sont rares : on estime que seuls 1 à 4 % des enfants vivent dans de telles conditions. Si l’association entre les champs magnétiques et la leucémie infantile est causale, le nombre de cas dans le monde qui pourraient être attribuables à l’exposition aux champs magnétiques est estimé entre 100 et 2400 cas par an, sur la base des valeurs pour l’année 2000, ce qui représente 0,2 à 4,95 % de l’incidence totale pour cette année. Ainsi, si les champs magnétiques ELF augmentent effectivement le risque de la maladie, lorsqu’on les considère dans un contexte global, l’impact sur la santé publique de l’exposition aux CEM ELF serait limité.

Un certain nombre d’autres effets néfastes sur la santé ont été étudiés pour une association possible avec l’exposition aux champs magnétiques ELF. Il s’agit notamment d’autres cancers chez l’enfant, de cancers chez l’adulte, de dépression, de suicide, de troubles cardiovasculaires, de dysfonctionnement de la reproduction, de troubles du développement, de modifications immunologiques, d’effets neurocomportementaux et de maladies neurodégénératives. Le groupe de travail de l’OMS a conclu que les preuves scientifiques soutenant une association entre l’exposition aux champs magnétiques ELF et tous ces effets sur la santé sont beaucoup plus faibles que pour la leucémie infantile. Dans certains cas (c’est-à-dire pour les maladies cardiovasculaires ou le cancer du sein), les preuves suggèrent que ces champs ne les provoquent pas.

Les directives internationales d’exposition

Les effets sur la santé liés à une exposition de haut niveau et de courte durée ont été établis et constituent la base de deux directives internationales sur les limites d’exposition (ICNIRP, 1998 ; IEEE, 2002). A l’heure actuelle, ces organismes considèrent que les preuves scientifiques liées aux effets sanitaires possibles d’une exposition à long terme et de faible niveau aux champs ELF sont insuffisantes pour justifier l’abaissement de ces limites quantitatives d’exposition.

Les orientations de l’OMS

Pour les expositions à court terme de haut niveau aux CEM, des effets sanitaires néfastes ont été scientifiquement établis (ICNIRP, 2003). Les directives internationales d’exposition conçues pour protéger les travailleurs et le public de ces effets devraient être adoptées par les décideurs. Les programmes de protection contre les CEM devraient inclure des mesures d’exposition provenant de sources où l’on peut s’attendre à ce que les expositions dépassent les valeurs limites.

En ce qui concerne les effets à long terme, étant donné la faiblesse des preuves d’un lien entre l’exposition aux champs magnétiques ELF et la leucémie infantile, les avantages de la réduction de l’exposition sur la santé ne sont pas clairs. Compte tenu de cette situation, les recommandations suivantes sont formulées :

  • Le gouvernement et l’industrie devraient surveiller la science et promouvoir des programmes de recherche pour réduire davantage l’incertitude des preuves scientifiques sur les effets de l’exposition aux champs ELF sur la santé. Grâce au processus d’évaluation des risques liés aux ELF, des lacunes dans les connaissances ont été identifiées et celles-ci constituent la base d’un nouveau programme de recherche.
  • Les États membres sont encouragés à établir des programmes de communication efficaces et ouverts avec toutes les parties prenantes pour permettre une prise de décision éclairée. Ceux-ci peuvent inclure l’amélioration de la coordination et de la consultation entre l’industrie, le gouvernement local et les citoyens dans le processus de planification des installations émettant des CEM ELF.
  • Lors de la construction de nouvelles installations et de la conception de nouveaux équipements, y compris les appareils, des moyens peu coûteux de réduire les expositions peuvent être explorés. Les mesures appropriées de réduction des expositions varieront d’un pays à l’autre. Cependant, les politiques fondées sur l’adoption de limites d’exposition faibles et arbitraires ne sont pas justifiées.

Lectures complémentaires

OMS – Organisation mondiale de la santé. Champs de fréquences extrêmement basses. Critères de santé environnementale, vol. 238. Genève, Organisation mondiale de la santé, 2007.

Groupe de travail du CIRC sur l’évaluation des risques cancérogènes pour l’homme. Rayonnements non ionisants, Partie 1 : Champs électriques et magnétiques statiques et d’extrêmement basse fréquence (ELF). Lyon, CIRC, 2002 (Monographies sur l’évaluation des risques cancérogènes pour l’homme, 80).

ICNIRP – Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants. Exposition aux champs électromagnétiques statiques et de basse fréquence, effets biologiques et conséquences sur la santé (0-100 kHz). Bernhardt JH et al, eds. Oberschleissheim, Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants, 2003 (ICNIRP 13/2003).

ICNIRP – Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (1998). Lignes directrices pour limiter l’exposition aux champs électriques, magnétiques et électromagnétiques variant dans le temps (jusqu’à 300 GHz). Health Physics 74(4), 494-522.

IEE Standards Coordinating Committee 28. Norme IEEE pour les niveaux de sécurité concernant l’exposition humaine aux champs électromagnétiques, 0-3 kHz. New York, NY, IEEE – The Institute of Electrical and Electronics Engineers, 2002 (IEEE Std C95.6-2002).

Pour plus d’informations, contactez :

Centre des médias de l’OMS
Téléphone : +41 22 791 2222
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