Contraceptifs oraux : La formulation a-t-elle de l’importance ?

RECOMMANDATIONS DE PRATIQUE

– Envisager de prescrire des pilules monophasiques comme premier choix pour les femmes qui commencent à prendre des contraceptifs oraux (CO) étant donné l’absence d’avantage à utiliser des formulations multiphasiques, et le plus grand nombre d’études montrant la sécurité et l’efficacité des pilules monophasiques.

– Évitez de prescrire des CO contenant des œstrogènes – même à très faible dose – aux femmes présentant un risque élevé de thromboembolie veineuse, étant donné qu’il n’existe pas d’études montrant des différences entre les formules à faible dose (25-35 mcg) d’éthinylestradiol et les formules à très faible dose (10 mcg).

Force de recommandation (SOR)

– Preuves de bonne qualité orientées vers le patient
– Preuves incohérentes ou de qualité limitée orientées vers le patient
– Consensus, pratique habituelle, opinion, preuves orientées vers la maladie, séries de cas

Pour une femme en bonne santé intéressée par la contraception, il existe de multiples formules de contraceptifs oraux (CO) sur le marché parmi lesquelles choisir. Mais existe-t-il des différences significatives dans leur efficacité ou leur profil de sécurité qui rendent une formulation supérieure ?

Des essais comparatifs de CO ont tenté de répondre à ces questions en évaluant les formulations qui contiennent les composants synthétiques : éthinylestradiol, noréthindrone, lévonorgestrel, désogestrel, norgestimate, gestodène et drospirénone.

Malheureusement, de nombreuses études qui ont évalué les CO présentaient des faiblesses méthodologiques, rendant leur signification clinique confuse. Peu d’essais contrôlés randomisés (ECR) ont été menés en double aveugle ou ont eu la puissance nécessaire pour trouver des résultats peu fréquents comme une grossesse ou des événements indésirables. Les essais sont rarement reproduits par d’autres chercheurs et nombre d’entre eux ont été financés par des sociétés pharmaceutiques ayant des conflits d’intérêts. Malgré ces lacunes, il est possible de glaner des données précieuses à partir des études existantes.

Dans cet esprit, notre objectif ici est d’examiner s’il existe des différences significatives en termes d’efficacité, de contrôle du cycle (saignement), d’effets secondaires ou de satisfaction qui peuvent aider les médecins et les patients à choisir la formulation appropriée.

Comparaison de l’efficacité des CO

L’efficacité des CO est déterminée par les propriétés inhérentes à prévenir l’ovulation, la conception et/ou l’implantation lorsque la formulation est utilisée correctement1,2. L’efficacité est également mesurée en fonction de l’interruption de la méthode et de l’absence de contraception permettant la survenue d’une grossesse.

Il n’existe aucune preuve qu’une formulation hormonale combinée ou à base de progestérone seule soit intrinsèquement meilleure pour prévenir l’ovulation, la conception ou l’implantation. (Pour en savoir plus sur les CO combinés, voir  » Un regard plus attentif sur les CO combinés « , page E3.) En théorie, les progestatifs ayant une demi-vie plus longue peuvent être plus efficaces pour prévenir l’ovulation si une pilule n’est pas prise à la même heure chaque jour, et les pilules à cycle prolongé permettent une suppression plus continue de l’ovulation. Cependant, aucune étude n’a trouvé qu’une formulation était plus efficace.

Une revue Cochrane de 20044 a comparé les progestatifs dans les CO en examinant 22 essais différents avec divers protocoles d’étude. Cette revue a révélé un taux d’abandon plus faible chez les patientes prenant des CO avec des progestatifs de deuxième génération par rapport aux progestatifs de première génération (risque relatif =0,79 ; intervalle de confiance à 95 % 0,61-0,91), et un taux d’abandon encore plus faible avec les CO de troisième génération. De plus, le contrôle du cycle était meilleur avec les CO progestatifs de deuxième génération qu’avec les CO progestatifs de première génération. Les taux d’efficacité, de contrôle du cycle et d’effets secondaires étaient similaires entre la drospirénone et le désogestrel. L’examen a conclu que les progestatifs de deuxième et troisième génération sont préférables aux progestatifs de première génération dans les CO combinés,4 bien que les preuves ne soient pas solides.

Qu’en est-il des génériques ? Pour être considéré comme un générique bioéquivalent approuvé par la FDA à une formulation de marque, les études pharmacocinétiques doivent démontrer qu’un produit fournit des niveaux sériques équivalents. Il n’existe aucune étude évaluant les différences d’efficacité entre les CO génériques et les CO de marque. Les médicaments génériques coûtent généralement environ 50 % de moins que les CO de marque.5 La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada soutient les formulations génériques  » qui offrent un plus grand choix et des options moins coûteuses « .6

Quelles sont les différences entre les options ?

Bien que les CO, en général, aient la réputation de causer des effets secondaires, lorsqu’on les compare à un placebo, aucun résultat significatif n’a été noté dans la fréquence des maux de tête, des nausées, des vomissements, des douleurs mammaires ou du gain de poids.7,8 Cela étant, il est peu probable qu’il existe des différences entre les formulations.

Ultrafaible teneur en œstrogènes. L’œstrogène dans les CO a été réduit à 10 à 35 mcg pour minimiser les effets secondaires et les événements indésirables, tout en restant à un niveau suffisant pour fournir un contrôle du cycle menstruel avec des saignements de rupture minimes. Les avantages des produits à ultra-faible teneur en œstrogène (10 mcg) comprennent la réduction des effets secondaires liés à l’œstrogène9, mais leur inconvénient est la survenue de saignements intermenstruels, qui peuvent avoir un effet négatif sur l’observance du traitement.10 Dans le cadre d’un ECR à double insu mené auprès de 649 femmes et comparant des CO contenant du gestodène à 75 mcg et de l’éthinylestradiol (EE) à 20 mcg ou à 30 mcg, le groupe à 20 mcg a connu davantage de saignements intermenstruels (P<0,05). Cette différence n’était pas suffisante pour entraîner une augmentation du taux d’abandon dans le groupe EE 20 mcg.11

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