La différence entre l’existentialisme, le nihilisme et l’absurde

Depuis des siècles, il y a des gens qui croient qu’il n’y a pas de sens intrinsèque dans l’univers. Ici, je vais résumer les trois principales branches de cette croyance, et comment chacune propose que nous traitions la situation.

Comment l’absurde s’applique dans la vie quotidienne

  1. L’existentialisme est la croyance que par une combinaison de conscience, de libre arbitre et de responsabilité personnelle, on peut construire son propre sens dans un monde qui intrinsèquement n’en a pas.
  2. Le nihilisme est la croyance que non seulement il n’y a pas de sens intrinsèque dans l’univers, mais qu’il est inutile d’essayer de construire le nôtre comme substitut.
  3. L’absurde est la croyance que la recherche de sens est intrinsèquement en conflit avec le manque réel de sens, mais que l’on devrait à la fois accepter cela et simultanément se rebeller contre cela en embrassant ce que la vie a à offrir.

Intrinsèque par opposition à créé.

Pour ceux qui en viennent à accepter que la vie est sans sens intrinsèque, il y a trois principales façons de réagir.

  • Le suicide philosophique, tel que l’adoption complète d’une religion ou d’un cadre de spiritualité – parce qu’on croit que c’est trop dur d’être triste ou difficile de continuer à vivre sans
  • Le suicide physique, en raison du fait que la vie est finalement dénuée de sens et donc soit trop ennuyeuse, soit trop douloureuse pour continuer
  • L’acceptation, ce qui signifie continuer en dépit du fait de savoir que le sens ultime n’est pas possible

Je considère l’Absurdisme de Camus comme la réponse la plus satisfaisante, car il prend la troisième option de l’acceptation et travaille à partir de là.

Le paradoxe absurde du libre arbitre

Adopter une religion ou une sorte de « spiritualité » nébuleuse – en tant que personne ayant accepté la vérité de l’insignifiance intrinsèque – équivaut soit à de la paresse intellectuelle, soit à une faiblesse émotionnelle, soit à une combinaison des deux. Cela revient à dire que la vérité est trop difficile à consommer et à accepter, et que vous avez choisi de croire quelque chose de faux parce que c’est plus facile.

Suicider, c’est tourner le dos à la beauté que la vie a à offrir, ce qui, selon moi, ne devrait être exploré que dans des cas extrêmes.

Resigner à croire vraiment quelque chose que vous savez ne pas être vrai est une position faible, mais elle semble souvent identique à l’Absurdisme, qui ne l’est pas.

La différence entre le Nihilisme, le Pessimisme et le Scepticisme

L’Absurdisme de Camus consiste à travailler à l’intérieur de nos limites humaines, mais sans abandonner notre respect de nous-mêmes ou de la vérité. Les absurdes adoptent ou construisent souvent une structure de croyance qui offre un sursis quotidien à l’écrasante impossibilité d’un sens véritable. De telles constructions nous permettent de tromper nos cerveaux imbibés d’évolution pour extraire un sens de l’univers, tout en n’oubliant jamais que le système lui-même est une supercherie.

Peut-être que la volonté des Hipster d’être obsédés par la minutie est une forme d’Absurdisme.

Cette conscience est la différence entre la rébellion et la capitulation.

Une construction pourrait être existante ou nouvelle, et soit structurée ou amorphe.

Une personne qui s’est rendue dira qu’elle croit complètement en sa construction et qu’elle fournit un véritable sens à l’univers, tandis que quelqu’un qui ne s’est pas rendu peut dire qu’il a adopté un échafaudage pour des raisons pratiques, mais qu’il sait qu’il est artificiel.

La barrière est délicate entre embrasser une structure de croyance parce que ne pas le faire est trop vide ou douloureux, et ne le faire que pour des raisons pratiques tout en sachant qu’elle est fausse. Beaucoup commencent comme l’un ou l’autre et migrent ensuite, ou existent au jour le jour comme l’un et deviennent l’autre quand on les presse.

Exemples de reddition vs rébellion

  • Les vrais croyants dans les religions dominantes n’ont soit jamais cru que le monde manque de sens inhérent, soit ils ont choisi d’arrêter d’y croire parce que c’était trop vide et triste. Vous ne pouvez pas vraiment savoir ce qu’est une personne sans une conversation profonde, et une honnêteté significative de sa part.
  • De nombreuses personnes religieuses deviennent athées plus tard dans la vie, mais après beaucoup d’introspection décident de rester vaguement liées aux croyances et à la communauté en raison des avantages sociaux et basés sur le sens. Beaucoup dans cette situation ne sont pas tout à fait sûrs au jour le jour de ce qu’ils croient vraiment par rapport à ce qu’ils prétendent pour des raisons pratiques.
  • À l’inverse, beaucoup de personnes élevées sans religion voient plus tard dans la vie que tous leurs amis heureux ont une famille et une foi forte, et décident d’adopter la religion pour acquérir ses avantages. De même, ils peuvent ne pas savoir à tout moment quelle est la part de leur participation qui est authentique par rapport à celle qui est séculaire.

À mon avis, la caractéristique déterminante de l’Absurdisme/Rébellion est le maintien d’une clarté extrême entre la recherche des avantages de la croyance en un sens intrinsèque tout en sachant que c’est impossible. Une telle personne peut aller à l’église avec la famille et prier mentalement d’une sorte de manière séculaire mais semi-spirituelle, tout en sachant simultanément (mais sans y penser activement) le fait que personne n’écoute.

En tant qu’humains, il est pratiquement impossible d’exister dans les deux modes simultanément. Soit nous avons foi en un système, une structure ou une personne, soit nous déconstruisons cette chose en ses parties et voyons ses défauts, ses limites et – peut-être – qu’elle est fausse. La transparence supprime la magie. Et malheureusement, nos cerveaux sont plus heureux lorsque la magie est intacte.

Sommaire

  • Les religieux croient que le sens a été imprégné dans l’univers par un être suprême, que cette connaissance nous est accessible via un ou plusieurs textes, et qu’il est de notre responsabilité d’aller l’apprendre.
  • Les existentialistes peuvent être d’accord ou non avec le fait que les religions parlent d’un sens réel/découvrable, mais ils croient que les gens peuvent créer leur propre sens qui ne serait pas moins réel que ce que la religion offre.
  • Les nihilistes croient/savent non seulement que la religion est fausse – c’est-à-dire, qu’il n’y a pas de sens intégré dans l’univers attendant d’être découvert – mais que tout sens que nous essayons de construire pour nous-mêmes ne sera pas « réel » non plus. Ce ne sera qu’une construction de notre propre esprit que nous prétendons avoir la gravité d’un sens religieux.
  • L’absurde est l’unificateur : il accepte que nous semblions mieux fonctionner avec une sorte de croyance religieuse dans nos vies, mais que la science a montré que les nihilistes ont raison à propos du sens révélé et du sens construit. En conséquence, beaucoup choisissent d’utiliser certaines parties d’une structure de sens – soit empruntée, soit construite – pour en tirer les avantages humains, mais sans se détendre au point de commencer à croire que c’est vrai.

Savoir où l’on se situe parmi – ou peut-être en dehors – de ces options est une partie cruciale de la compréhension de soi.

Notes

  1. Je suis tout à fait conscient que l’on peut, et que des gens ont, écrit des livres entiers sur chacune de ces définitions. Le but de cet exercice n’est pas de plonger profondément dans chacune d’elles, mais plutôt de résumer aussi proprement que possible comment elles répondent à un manque de sens intrinsèque.
  2. Les nihilistes ne sont pas des Absurdes parce qu’ils ne se battent pas pour un sens qu’ils savent qu’ils ne pourront jamais avoir. Ils avancent simplement dans la vie sans ce sens.
  3. Le choix de se rebeller est spécifiquement la réponse de Camus à la situation, mais puisqu’il est associé au terme, je l’inclus dans la définition ici.
  4. L’utilisation feinte d’un faux échafaudage est mon interprétation de l’absurde, car je ne suis pas sûr que l’utilisation d’un système sciemment faux de cette façon serait approuvée par Sarte ou Camus. Pour moi, cela représente toujours la rébellion parce que nous tirons toujours les joies de la vie (et avoir une structure en fait partie), tout en n’abandonnant jamais notre intellect qui sait que c’est faux.

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