La lutte pour l’indépendance

Le nationalisme avait déjà commencé à relever la tête en Russie avant la fin du règne d’Alexandre II, mais son successeur Alexandre III, à l’esprit fort, qui avait une sympathie personnelle pour la Finlande, put résister aux demandes des nationalistes russes pour l’abolition de l’autonomie finlandaise et l’absorption des Finlandais dans la nation russe. L’émergence d’une Allemagne unie au sud de la Baltique inquiète également les Russes, qui veulent s’assurer la loyauté de la Finlande. Les juristes russes considèrent que si Alexandre Ier, en vertu de ses pouvoirs suprêmes, a accordé à la Finlande des droits autonomes, tout empereur russe exerçant les mêmes pouvoirs suprêmes est en droit de les reprendre quand il le souhaite. Appliquant ce principe, Nicolas II publia un manifeste le 15 février 1899, selon lequel il était en droit, sans le consentement de la Diète finlandaise, de promulguer des lois applicables en Finlande si ces lois affectaient les intérêts russes. Des tentatives directes de russification furent alors entreprises. L’imposition progressive du russe comme troisième langue officielle fut ordonnée en 1900, et en 1901, il fut décrété que les Finlandais devaient servir dans les unités russes et que la propre armée finlandaise devait être dissoute. Un pouvoir exécutif croissant fut conféré au gouverneur général ultranationaliste, le général Nikolay Bobrikov. Face à cette situation, deux factions opposées se cristallisent à partir des partis politiques finlandais : les constitutionnalistes (le parti suédois et le parti jeune finlandais), qui exigent que personne ne respecte les textes illégaux, et les complotistes (le parti vieux finlandais), qui sont prêts à céder sur tout ce qui ne touche pas, selon eux, à l’intérêt vital de la Finlande. Les constitutionnalistes furent démis de leurs fonctions et leurs chefs exilés. Les jeunes gens d’obédience constitutionnelle refusent de se présenter au service lorsqu’ils sont appelés, et finalement l’empereur doit céder : l’armée finlandaise reste dissoute, mais aucun Finlandais n’est incorporé dans l’armée russe. Un groupe plus extrême, connu sous le nom d’Activistes, était prêt à approuver même des actes de violence, et Bobrikov fut assassiné par eux.

Résistance et réforme

Une autre opposition vint du Parti travailliste, fondé en 1899 et qui, en 1903, adopta les principes marxistes, changeant son nom en Parti social-démocrate. Ne voulant pas faire de compromis avec la Russie tsariste, le parti se développe selon des lignes révolutionnaires. Lorsque les constitutionnalistes, profitant de la faiblesse momentanée de la Russie, s’associent aux sociaux-démocrates pour organiser une grève nationale, l’Empereur rétablit la situation qui prévalait avant 1899 (4 novembre 1905) – mais pas pour longtemps. Un autre résultat de la grève fut une réforme complète du système parlementaire (20 juillet 1906). C’était la demande la plus insistante des sociaux-démocrates. L’ancienne Diète à quatre chambres est remplacée par un Parlement monocaméral élu au suffrage égal et universel. Ainsi, alors qu’elle possédait l’un des systèmes politiques les moins représentatifs d’Europe, la Finlande s’est dotée, d’un seul coup, du système le plus moderne. La réforme parlementaire a polarisé les factions politiques et a jeté les bases du système moderne de partis. L’introduction du suffrage universel et égalitaire signifie que les agriculteurs et les ouvriers ont potentiellement une grande majorité. Les sociaux-démocrates deviennent le plus grand parti au Parlement, obtenant 80 sièges sur 200 lors des toutes premières élections (1907). Néanmoins, l’importance du Parlement reste très faible, car il est constamment dissous par l’Empereur ; ainsi, l’assaut contre l’autonomie finlandaise reprend bientôt. Les constitutionnalistes démissionnèrent du gouvernement, et les complotistes ne tardèrent pas à suivre leur exemple, car même à leurs yeux, la limite extrême avait été dépassée. Finalement, un Sénat illégal composé de Russes fut formé. En 1910, la responsabilité de toute législation importante fut transférée à la Douma russe.

Retour à l’autonomie

Pendant la Première Guerre mondiale, le mouvement de libération finlandais chercha le soutien de l’Allemagne, et un certain nombre de jeunes volontaires reçurent une formation militaire et formèrent le bataillon Jägar. Après la révolution russe de mars 1917, la Finlande retrouve son autonomie et un Sénat, ou gouvernement de coalition, prend la direction du pays. Par une loi de juillet 1917, il fut décidé que toute l’autorité précédemment exercée par l’empereur (à l’exception de la défense et de la politique étrangère) serait exercée par le Parlement finlandais. Après la prise de contrôle de la Russie par les bolcheviks en novembre 1917, le Parlement a publié une déclaration d’indépendance de la Finlande le 6 décembre 1917, qui a été reconnue par Lénine et son gouvernement le dernier jour de l’année.

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