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Cher rédacteur en chef:

Nous avons lu avec intérêt la récente mise à jour clinique dans le numéro de mars de Psychiatry 2006 traitant de l’utilisation de l’anticonvulsivant, le topiramate, dans le traitement du trouble de stress post-traumatique1. Comme indiqué dans cet article et ailleurs, le topiramate est couramment utilisé dans le traitement non autorisé d’un large éventail de troubles psychiatriques, notamment l’humeur, l’anxiété et même les maladies psychotiques2. En raison de l’utilisation accrue du topiramate en milieu clinique, nous rapportons un cas de nouvelles attaques de panique survenues chez une jeune femme à qui l’on avait prescrit du topiramate pour le traitement de sa boulimie chronique. Bien qu’il existe deux autres rapports de cas dans la littérature médicale qui établissent une relation entre le topiramate et le développement d’attaques de panique chez des personnes souffrant de troubles affectifs bipolaires,4,5 ceci semble être le premier rapport de symptômes de panique d’apparition récente survenant chez une personne traitée uniquement par topiramate pour un trouble alimentaire chronique.

Rapport de cas. Mme D., une femme de 34 ans, avait été traitée dans notre clinique au cours des deux dernières années pour une boulimie de type purge. Pendant près de 17 ans, elle s’est livrée à un ou deux épisodes quotidiens de boulimie suivis de vomissements auto-induits. Elle a toujours nié les symptômes d’un trouble de l’humeur ou de l’anxiété. Divers inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ont été essayés dans le passé, le plus récent étant la fluoxétine à 40 mg/jour, sans parvenir à réduire de manière significative ses comportements alimentaires. Elle suivait également une psychothérapie hebdomadaire avec un thérapeute spécialisé dans les troubles alimentaires. Le seul autre médicament qu’elle prenait au moment de l’initiation du topiramate était l’esoméprazole pour une oesophagite chronique. La posologie de ce médicament était restée inchangée depuis de nombreux mois.

Mme D. a arrêté la fluoxétine lors d’un voyage en Europe et, lorsqu’elle a été revue à la clinique, elle n’avait pas pris ce médicament depuis près de trois mois. Elle a accepté de faire un essai de topiramate en commençant par 25 mg/jour pendant deux semaines, puis en augmentant la dose à 50 mg/jour. Environ une semaine après avoir atteint la dose de 50 mg/jour, elle a développé de nouveaux symptômes d’accélération du rythme cardiaque, d’essoufflement, d’oppression thoracique, de vertiges et de peur accablante. Lorsque la première crise s’est produite, elle a subi une évaluation cardiaque complète au service des urgences, y compris des analyses chimiques du sérum et un examen physique. Les résultats de ces examens n’étaient pas remarquables. De retour chez elle, elle a continué à prendre le topiramate, mais a eu plusieurs autres attaques de panique sur une période de 48 heures. Le topiramate a été arrêté et, en l’espace de 10 jours, les attaques de panique ont progressivement diminué en fréquence, puis ont cessé. Deux semaines plus tard (à la demande de la patiente qui pensait que le topiramate avait réussi à réduire ses crises de boulimie/purge), le topiramate a été repris à 25 mg/jour pendant deux semaines, puis augmenté à 50 mg/jour. Une fois de plus, dans les 7 à 10 jours suivant l’augmentation de la dose, les attaques de panique ont repris. Bien que Mme D n’ait jamais eu d’attaques de panique avant de commencer le topiramate, elle est devenue moins angoissée par leur apparition intermittente et utilise des stratégies comportementales (par exemple, la respiration profonde, le dialogue avec soi-même) qui lui permettent de gérer les symptômes. Elle continue à prendre le topiramate à une dose accrue de 75 mg/jour et a réduit ses épisodes d’hyperphagie/purge à plusieurs fois par semaine plutôt que sur une base quotidienne.

Cet essai naturaliste « on-off-on » suggère une forte association entre l’utilisation du topiramate et le développement de nouvelles attaques de panique chez ce patient. Le mécanisme exact de ce développement n’est pas clair. Cependant, on a émis l’hypothèse que les propriétés de l’anhydrase carbonique du topiramate peuvent élever les niveaux centraux de CO2, ce qui crée un effet panicogène.4,5 Par conséquent, chez les personnes vulnérables, cette action pharmacologique pourrait déclencher des attaques de panique ou aggraver un trouble préexistant. Bien que des recherches supplémentaires soient justifiées dans le domaine des attaques de panique induites par le topiramate, les cliniciens qui prescrivent cet agent doivent être attentifs à cette éventualité.

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