Sur ce point, les économistes James Andreoni, de l’Université de Californie à San Diego, et Lise Vesterlund, de l’Université de Pittsburgh, rapportent des preuves que, alors que de nombreuses femmes préfèrent partager équitablement, « les hommes sont plus susceptibles d’être soit parfaitement égoïstes, soit parfaitement altruistes. » Il se peut que les contacts significatifs avec les femmes soient l’une des forces qui font pencher les hommes vers plus d’altruisme.
Cet effet de réchauffement des femmes sur les hommes a des implications importantes pour l’éducation et le travail. Dans les écoles, nous devons réfléchir soigneusement à la façon dont nous organisons les enfants en groupes. En 1971, dans le sillage de la déségrégation scolaire au Texas, Elliot Aronson, psychologue à l’Université de Californie à Santa Cruz, a validé une approche simple mais puissante pour réduire les stéréotypes et les préjugés.
Son idée maîtresse était que les élèves apprendraient à se respecter et à se soucier les uns des autres s’ils devaient compter les uns sur les autres lorsqu’ils collaborent en petits groupes vers des objectifs communs. Le professeur Aronson confiait à chaque étudiant la responsabilité d’enseigner au groupe un sujet différent qui serait abordé lors d’un prochain examen. C’était comme travailler sur un puzzle : le groupe avait besoin d’éléments d’information de chaque membre afin de reconstituer la compréhension générale qui serait mesurée lors du test. Après l’expérience, les stéréotypes et les préjugés ont chuté – les élèves sont devenus nettement moins hostiles les uns envers les autres – et les élèves issus de minorités ont obtenu de meilleures notes.
Que se passerait-il si chaque classe suivait la structure du puzzle, avec des groupes d’étude mixtes offrant aux garçons la possibilité d’apprendre des filles ? En plus d’acquérir des connaissances, peut-être apprendraient-ils quelque chose sur l’enseignement, l’aide et l’attention aux autres. Lorsque certains de ces garçons grandiront et deviendront des hommes riches, ils ressembleront peut-être moins à Scrooge qu’à M. Gates – ou, du moins, moins susceptibles de devenir votre riche voisin qui refuse de payer sa part de la taille des haies. Ou votre (pas si) grand-oncle qui voyage toujours en première classe mais envoie à vos enfants des cadeaux d’anniversaire bon marché.
Au travail, nous avons cruellement besoin de plus de femmes à des postes de direction. Nous savons déjà, grâce à des recherches considérables, que les entreprises se portent mieux lorsqu’elles ont plus de femmes aux postes de direction, notamment en matière d’innovation. Les professeurs Dezso et Ross ont récemment montré qu’entre 1992 et 2006, lorsque les entreprises ont introduit des femmes dans leurs équipes de direction, elles ont généré en moyenne 1 % de valeur économique supplémentaire, ce qui représente généralement plus de 40 millions de dollars.
Nous reconnaissons les avantages directs que les femmes en tant que dirigeantes apportent, qui comprennent souvent des perspectives diverses, des styles de collaboration, un dévouement au mentorat et une compréhension aiguë des employées et des clientes. Mais nous avons largement négligé les effets bénéfiques que les femmes ont sur les hommes qui les entourent. Est-il possible que lorsque les femmes rejoignent les équipes de direction, elles encouragent leurs collègues masculins à traiter leurs employés plus généreusement et à partager leurs connaissances plus librement ? L’augmentation de la motivation, de la coopération et de l’innovation dans les entreprises peut être alimentée non seulement par les actions directes des femmes dirigeantes, mais aussi par leur influence sur les hommes dirigeants.
On dit souvent que derrière chaque grand homme se trouve une grande femme. À la lumière de l’influence profonde que les femmes peuvent avoir sur la générosité des hommes, il serait peut-être plus exact de dire que devant chaque grand homme marche une grande femme. Si nous sommes sages, nous suivrons son exemple.