« Donnez-moi une fièvre, et je peux guérir toute maladie. » – Hippocrate

La fièvre est l’un des systèmes de défense les plus incompris du corps humain. Beaucoup de gens craignent que la fièvre soit le signe de quelque chose de dangereux. Les parents donnent à leurs enfants du Tylenol et de l’ibuprofène dès qu’ils ont une température élevée, puis se précipitent chez le médecin pour s’assurer que leur enfant ne souffre pas d’une infection grave. En fait, la fièvre est à l’origine de 20 % des visites aux urgences pédiatriques chaque année. En tant qu’urgentiste, c’est une part importante de ma pratique clinique. Et je suis ici pour vous dire que les fièvres ne sont pas toutes mauvaises.

Hourra pour l’évolution. Il s’avère que l’augmentation de notre température corporelle est l’une des grandes innovations de tous les temps.

Il existe un ensemble significatif de preuves croissantes qui suggèrent que les avantages de la fièvre sont à louer, en particulier chez les jeunes enfants. D’autres recherches montrent que la plupart des fièvres ne sont pas le résultat de quelque chose de grave, mais sont plutôt le moyen pour notre corps de se débarrasser d’une infection. Hourra pour l’évolution. Il s’avère que l’augmentation de notre température corporelle est l’une des grandes innovations de tous les temps.

La fièvre est un symptôme – une réponse physiologique à une maladie. La fièvre n’est pas une maladie en soi, mais plutôt un mécanisme que notre corps utilise pour combattre l’infection.

De nombreuses preuves suggèrent que la fièvre est bénéfique pour les enfants. Il a été démontré qu’elle ralentit la croissance des bactéries et qu’elle améliore la réponse du système immunitaire. Dans un article récent paru dans Immunity, Jianfeng Chen et ses collègues de l’Institut de biochimie et de biologie cellulaire de Shanghai ont découvert que la fièvre renforce la fonction de globules blancs spécifiques, comme un missile à tête chercheuse qui trouve sa cible pour détruire l’infection. Même pour les plus malades qui doivent passer du temps dans l’unité de soins intensifs, les fièvres se sont avérées avantageuses.

De nombreuses preuves suggèrent que la fièvre est bénéfique pour les enfants. Il a été démontré qu’elle ralentit la croissance des bactéries ainsi qu’elle améliore la réponse du système immunitaire.

Alors, pourquoi jouer avec l’évolution en essayant de faire baisser la fièvre ? Nous avons de la fièvre pour une raison. C’est ce que nous voulons pour nos enfants, n’est-ce pas ? Un corps sain qui peut lancer un uppercut quand il le faut, c’est l’idéal.

Faire baisser la fièvre peut aggraver une infection

De plus en plus de preuves suggèrent que l’utilisation de médicaments pour faire baisser la fièvre peut nuire à la lutte contre l’infection. Une étude a montré que les antipyrétiques comme l’ibuprofène et l’acétaminophène prolongeaient l’infection par la grippe. Et dans une autre, ils ont entraîné une aggravation des symptômes du rhume. Dans un autre essai clinique, les chercheurs ont montré que les antipyrétiques retardaient la résolution de la maladie chez les enfants atteints de varicelle. Bien que de multiples études aient fait surface contre-indiquant le bénéfice, les cliniciens recommandent toujours les antipyrétiques en cas de fièvre pour aider les enfants à rester confortables pendant la maladie.

Il est difficile de changer cet état d’esprit dans une culture qui est devenue si effrayée par la fièvre. Les plus grandes peurs parentales dont je suis témoin aux urgences sont des préoccupations concernant une maladie bactérienne nécessitant des antibiotiques, l’inquiétude qu’un enfant commence à avoir des convulsions ou la peur qu’une température élevée fasse frire le cerveau de l’enfant.

Ce ne sont tout simplement pas des menaces réelles dans la plupart des cas. Nous avons appris aux parents à avoir tellement peur d’une température élevée qu’ils n’hésitent pas à prendre du Tylenol et de l’Advil dès qu’elle apparaît. De plus, le Dr Google a créé une nouvelle forme d’hypocondrie (appelée cyberchondrie) qui alimente l’anxiété des parents. Une recherche internet sur la fièvre pédiatrique est sûre de dénicher les maladies les plus graves qui peuvent causer de la fièvre. Qui n’aurait pas peur ?

Devons-nous jeter le blâme ?

À la décharge de la communauté médicale, il est facile de comprendre pourquoi nous avons commencé à diffuser les dangers de la fièvre. Les enfants peuvent tomber très malades, et certaines infections nécessitent des antibiotiques. En vérité, faire appel à la peur des parents était, sans doute, un bon moyen – à une époque antérieure – de s’assurer que les infections graves ne passaient pas nécessairement inaperçues.

Cependant, avec l’avènement des vaccinations au cours des 50 dernières années, les taux de maladies graves ont chuté de manière drastique. Et au lieu d’embrasser la fièvre comme un signe sain que votre enfant est apte à combattre son infection, nous sommes malheureusement maintenant prompts à craindre qu’il ait besoin de médicaments pour faire baisser la fièvre et tuer l’envahisseur. Ou pire, nous imaginons que la fièvre est un signe de malheur imminent. Le pendule est-il allé trop loin ?

La stratégie en 4 étapes lorsque la fièvre apparaît

L’éducation peut changer la société pour le mieux. Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter de la fièvre quand vous la comprenez et que vous savez quoi faire quand elle frappe. C’est le processus que je suis chaque fois que mes propres enfants sont malades. Je l’appelle les 4 C.

Étape #1 Confirmation

Si votre enfant a chaud, prenez sa température et ensuite, NE la reprenez PAS. À mon avis, les thermomètres oraux sont les plus précis, tandis que les thermomètres rectaux devraient être utilisés exclusivement chez les nourrissons. Les thermomètres tympaniques (auriculaires) ou cutanés sont notoirement imprécis. La plupart des parents savent quand leur enfant a de la fièvre. Soit ils ont l’impression d’avoir plus chaud que la normale, soit ils agissent différemment. Le chiffre réel n’a pas d’importance. Que la température soit de 100,4°F, 101°F ou 103°F, votre enfant a de la fièvre et vous devez suivre les étapes 2 à 4. Vérifier encore et encore ne changera rien, je vous le promets.

Étape n°2 Confort

Voyez comment votre enfant se sent. La fièvre peut rendre les enfants moins actifs et les faire souffrir. Elle peut étouffer leur appétit ou les amener à dormir plus souvent. Lorsque la fièvre tombe, les enfants retrouvent fréquemment un comportement tout à fait normal, comme si la fièvre n’avait jamais existé.

Parce que faire baisser la fièvre peut aggraver la réponse du système immunitaire pour aider à combattre l’infection, donner aux enfants du Tylenol ou de l’ibuprofène pour normaliser la température n’est pas toujours nécessaire. Cependant, lorsqu’une fièvre provoque des symptômes inconfortables pour les enfants, comme des courbatures, de la fatigue ou une diminution de l’appétit, les experts recommandent d’utiliser des antipyrétiques pour améliorer le confort et je suis d’accord. Il est étonnant de voir un enfant se percher une fois que la température commence à baisser.

Je recommande de donner des antipyrétiques en fonction de l’état général de l’enfant plutôt que d’un chiffre sur le thermomètre – pour s’assurer que la fièvre sans symptômes peut rester bénéfique pour votre enfant.

Étape #3 Critique

C’est l’étape où vous décidez si cela vaut la peine de voir le médecin, ou si nécessaire, d’aller aux urgences. Cela a été bien étudié et il y a certains signes et symptômes révélateurs qui devraient augmenter votre suspicion qu’une maladie plus grave pourrait être en jeu.

1. Premièrement, si un enfant a moins de deux mois et n’a pas eu sa première série de vaccins, tous les paris sont ouverts. Il faut consulter le médecin en cas de fièvre. Bien que l’on s’inquiète davantage au cours du premier mois de vie, des infections graves peuvent survenir jusqu’à deux mois. Tout enfant ayant d’autres problèmes de santé qui pourraient le prédisposer à une immunité plus faible doit consulter.
2. Une fièvre persistante malgré l’utilisation d’antipyrétiques doit être évaluée. Si un enfant a de la fièvre et qu’on lui donne une dose appropriée d’ibuprofène (et peut-être aussi d’acétaminophène) mais que la fièvre ne diminue pas, cela peut signifier que l’enfant a quelque chose de plus grave. Une fièvre qui dure plus de quatre ou cinq jours peut également signifier que quelque chose de plus grave se produit. Votre enfant doit consulter le médecin.
3. Certains signes de maladie bactérienne nécessitent une visite chez le médecin. Il s’agit par exemple de douleurs aux oreilles, d’un mal de gorge important, d’une miction douloureuse, de douleurs abdominales ou thoraciques, d’un essoufflement ou d’une éruption cutanée inquiétante. En cas de doute, il est toujours conseillé de consulter le médecin de votre enfant pour une évaluation.
4. Enfin, les parents peuvent généralement dire quand quelque chose semble anormal. Si l’enfant est apathique ou confus, ou s’il est significativement essoufflé, il peut y avoir un problème, et il serait prudent de consulter un médecin de toute urgence. La plupart des parents ont une capacité inhérente à déterminer quand il est temps de voir le médecin.

Étape #4 Croisière

Une fois que vous avez déterminé que votre enfant souffre d’une maladie courante (probablement virale) qui ne nécessite pas d’intervention majeure, vous pouvez passer en régulateur de vitesse. Cela signifie diminuer la température lorsque votre enfant se sent mal, surveiller les résultats critiques qui peuvent se développer, et attendre la résolution dans les sept à dix jours.

À cette étape du processus, vous soutenez votre enfant dans le processus de guérison. L’attente n’est pas facile. La plupart des maladies atteignent leur pic vers quatre ou cinq jours et certaines durent jusqu’à deux semaines. Je vois un certain nombre de patients au bout de trois ou cinq jours parce que les parents s’attendent à ce que la maladie disparaisse à ce moment-là. Ce n’est presque jamais le cas. Le temps est le meilleur remède. Notre corps est une machine miraculeuse, mais il lui faut du temps pour remettre les rouages en état de marche.